En 2014, le groupe SDF produisait 12 tracteurs quotidiennement en Turquie. Après une réorganisation industrielle à l’échelle du continent eurasien, ce seront 70 tracteurs qui sortiront chaque jour de l’usine de Bandirma.
Un marché prometteur mais instable
En Turquie, le nombre d’immatriculations de tracteurs s’est révélé très variable à plusieurs reprises, avec une fluctuation importante, de plus ou moins 20.000 unités par rapport à la moyenne annuelle située autour de 70.000 tracteurs (selon le Tarmakbir, le syndicat des constructeurs de matériel agricole en Turquie). Cependant, il a atteint 92.518 unités en 2023. Une année donc exceptionnelle pour les constructeurs de tracteurs locaux qui écoulent chaque année entre 14.000 et 17.000 tracteurs hors de leurs frontières.
Cinquième producteur de tracteurs après l’Inde (1 million d’unités), la Chine, l’Europe et les États Unis, la Turquie séduit des marchés et utilisateurs en quête de puissances modestes, comprises entre 40 et 130 chevaux et de mécaniques simples et accessibles. Mais c’est aussi parce que le SMIC y est aussi bas que dans nombre de pays d’Europe de l’Est (ndlr: celui-ci a récemment progressé de 49%, pour atteindre 520 euros par mois) et la main d’oeuvre est abondante que les constructeurs ont jeté leur dévolu sur ce pays, au carrefour de l’Europe, l’Asie, l’Afrique et le Moyen Orient. C’est le cas de SDF Group en 2014 qui s’est installé à Bandirma dans l’ouest du pays.
Si le groupe SDF a pour habitude de produire ses tracteurs les plus simples et économiques en Inde, il se heurtait à un problème de taille; le temps d’acheminement d’abord, puis les délais nécessaires pour dédouaner ses moteurs FARMotion. Bridée par ces approvisionnements laborieux, mais motivée par sa situation géographique et la demande locale, l’usine de Bandirma s’est donnée les moyens de d’augmenter le rythme. Car en 2014, seulement 12 tracteurs sortaient de chaîne chaque jour. Aujourd’hui, c’est pas moins de 60 unités et demain, ce seront 70 tracteurs qui devront être finis quotidiennement.
Une usine stratégiquement bien située
Pour se rendre à Bandirma depuis Istanbul, il faut traverser la mer Marmara. C’est l’occasion de constater à quel point le trafic de marchandises est conséquent et le détroit du Bosphore stratégique pour faciliter les échanges de marchandises entre l’Europe à l’Asie, mais également la Russie. Une fois arrivé à Bandirma, ville de 115.000 habitants et port de pêche et de frêt agricole, il faut gagner la campagne et se rendre sur une zone d’activités isolée.
L’usine SDF de Bandirma est encore en cours d’agrandissement. Un bâtiment de 1 hectare, que nous avons vu en cours de finition en octobre 2023 sera entièrement dévoué à la production de moteurs, ce qui porte le site à 3,4 hectares couverts sur un total de 14 hectares. SDF a par ailleurs anticipé d’éventuels agrandissements en acquérant 7,2 hectares à proximité du site mis en service en 2014.
Si elle ne peinait jusqu’alors pas à trouver du personnel dans un secteur très agricole et pauvre, d’autres firmes ou trouvé l’opportunité de s’implanter à leur tour. De ce fait, SDF doit convaincre et mieux accueillir son personnel. Cela passe notamment par ses infrastructures modernisées, des équipements de production modernes (logiciel de gestion SAP, automatisation, chariots robotisés sur la chaîne de montage) et le salaire. Près de 500 salariés répartis en deux équipes se relayaient chaque jour en 2023. Bientôt, ils seront 700. Dans les bureaux, 44 salariés administrent le site.
Quels modèles sont produits par l’usine de Bandirma ?
L’usine turque produit d’abord ses moteurs FARMotion 3 et 4 cylindres pour des tracteurs de 45 à 120 chevaux destinés au marché local. Proposés avec cabine ou plateforme, en deux et quatre roues motrices, ils seront ensuite livrés sous les quatre marques du groupe SDF dans le reste du monde. Actuellement, l’usine produit les Deutz Fahr (3000 (3046, 3055, 3065, AgroPlus F 4E F / 4E, 5D et 5E), Same (Frutteto Natural, Argon, Explorer) et leurs homlogues Lamborghini et Hürlimann.